Latium, de Romain Lucazeau
Je viens de terminer Latium, de Romain Lucazeau (octobre 2016). Un space opera héroïque et mystique, dans une galaxie peuplée d’Intelligences Artificielles désemparées après la disparition de leur créateur, l’Homme. À lire absolument.
La quatrième de couverture vante un spectacle de science-fiction vertigineux, dans la veine d’un Dan Simmons […]
. Voilà qui ne pouvait que retenir mon attention, en tant que fan inconditionnel d’Hypérion — livre que je considère comme un chef d’œuvre, et qui n’est pas étranger à ma vocation.
Et c’est vrai qu’on retrouve des échos de Simmons chez Lucazeau, même si en l’occurrence Latium renvoie davantage à Ilium et Olympos (toujours de Dan Simmons), un diptyque aux allures de péplum spatial : l’univers calqué sur l’Antiquité grecque et romaine, bien sûr ; mais surtout la quête existentielle d’Intelligences Artificielles livrées à elles-mêmes, qui n’est pas sans rappeler les débats philosophiques de Mahnmut et Orphu, les deux “moravecs” (des robots doués de conscience). On y retrouve le même souci d’explorer les différentes formes que pourrait revêtir la pensée artificielle, et les conséquences psychologiques qui en découlent.
Si la réflexion est à mes yeux l’attrait principal de Latium, elle n’occulte pour autant pas l’action. Amateurs de batailles spatiales, vous serez servis ! Le sense of wonder cher aux Anglo-Saxons n’est pas oublié, de la terraformation de planètes vierges à des cités spatiales rutilantes, en passant par des vaisseaux gigantesques doués de conscience (les Nefs, principaux protagonistes de cette histoire).
Quant à l’écriture, elle est remarquablement fluide et riche, surtout pour un premier roman. (Oui, j’admets une pointe de jalousie.) On pourra s’agacer d’un recours aux locutions antiques parfois un peu pédant (désolé, je n’ai jamais appris le grec ancien), de coquilles malheureusement trop nombreuses et d’un contre-emploi quasi obsessionnel de l’adjective “controuvé”. Mais l’essentiel est que le texte coule, plaisant à lire, sans que le style n’oblitère la narration. Finalement, la faiblesse principale se situe peut-être dans la longueur (950 pages en cumulant les deux tomes) : même si les réels passages à vide sont très peu nombreux, j’aurais aimé un peu plus de concision dans l’ensemble.
Malgré les quelques réserves ci-dessus, Latium reste un coup de maître, et un livre à lire absolument pour tous les fans de space opera.